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La construction de nouveaux modèles

 

Les critiques que vous venez de découvrir dans la première partie de ce récit posent aux agriculteurs le problème majeur de leurs pratiques, de leur identité.


Face à ce double défi, ceux-ci se retrouvent dans l’obligation de faire évoluer leurs pratiques et certains d’entre eux se mettent à imaginer de nouvelles manières de produire. La vocation de ces modèles innovants est double :

 

Face à des critiques amères, les agriculteurs développent des modèles agricoles alternatifs pour tenter de répondre à des attentes nouvelles.

Ils doivent permettre de produire d’une manière nouvelle, plus durable et saine. Ils doivent trouver le moyen de sortir des excès souvent pointés de l’agriculture industrielle.

 

Ils doivent permettre à l’agriculteur de trouver une identité nouvelle. A travers ses pratiques innovantes, celui-ci peut retrouver une fierté et une conviction que les critiques qu’on lui a adressées ont pu l’amener à perdre. Ce besoin explique que les agriculteurs qui développent ou adoptent ces modèles alternatifs soient ceux qui se montrent le plus critique envers l’agriculture industrielle “conventionnelle” qu’ils ont quitté.

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Les enjeux rencontrés par ces nouveaux modèles agricoles

 

Selon ces acteurs, le constat est clair. L'agriculture a besoin d'intégrer des notions environnementales dans le développement de nouveaux modèles... Il faut peut-être modérer leurs propos en rappelant que certaines agricultures alternatives existaient déjà avant les grands changements que nous vous exposons ici, la crise environnementale a simplement accéléré leur développement et a surtout fait qu'ils sont devenus des ciments d'identité qu'ils n'étaient pas forcément auparavant.

 

Présentation succinte de ces modèles alternatifs

Les réponses des agriculteurs face à ce grand défi ont été nombreuses et très différentes. Avant de continuer à voir comment le sol est devenu un enjeu majeur dans leur construction, nous vous invitons à vous familiariser rapidement avec les grandes alternatives qui ont été proposées en France par rapport à l'agriculture conventionnelle et à appréhender leurs principales caractéristiques :

  • L'agriculture biologique

Le label Agriculture Biologique (AB), qui fait de ce type d'agriculture le modèle le plus reconnu à l'échelle nationale, répond à un cahier des charges strict qui pour assurer la qualité de ses produits bannit toute utilisation d'intrants de synthèse. L'impact environnemental des pratiques agricoles est une préoccupation majeure de l'agriculture biologique. Respectueuse de la biodiversité des sols, elle a recours à la rotation des cultures, l'engrais vert et d'autres produits naturels pour la stimuler. Elle pratique le labour, soit le travail du sol en profondeur.

 
  • L'agriculture de conservation

L'agriculture de conservation a une approche fonctionnelle du sol dont elle fait le facteur de production central. Afin de préserver ses dynamiques naturelles et la diversité des macro et micro-organismes présents, elle limite le travail du sol. Les Techniques Culturales Simplifiées ne pratiquent un travail que superficiel de la couche arable alors que le semis-direct refuse tout labour. Le couvert végétal est utilisé en complément pour nourrir le sol en matière organique et étouffer les mauvaises herbes.

 
  • L'agroforesterie

Cette pratique culturale consiste à associer la plantation d'arbres à des parcelles en culture. L'arbre protège les cultures des aléas météo (pluies violentes, insolation...). Grâce à une implantation profonde, il lutte contre l'érosion du sol et participe du développement des champignons mycorhiziens facteurs de fertilité. La dégradation de ses feuilles sur le sol apporte de la matière organique.

 
  • L'agriculture raisonnée

L'agriculture s'inscrit dans une démarche de plus grande prise en compte de l'impact environnemental des pratiques agricoles. A ce titre, l'épandage d'intrants de synthèse n'est plus systématique mais répond à des problèmes précis et mesurés. Le labour est pratiqué. Cette pratique agricole rompt avec le modèle productiviste de la révolution verte sans toutefois adopter les interdits de l'agriculture biologique ou de l'agriculture de conservation, pour des raisons essentiellement économiques de coût de main d'oeuvre.

 

  • L'agriculture écologiquement intensive

Fruit du Grenelle de l'environnement en 2008, l'agriculture écologiquement intensive répond aux impératifs environnementaux et économiques attachés à la production agricole. Associant le "produire mieux" et le "produire plus", elle privilégie l'exploitation par les agriculteurs des fonctions naturelles de l'écosystème et notamment du sol. Toutefois, à ce stade, l'agriculture écologiquement intensive est plus une étiquette de recherche et d'orientation politique qu'une pratique agricole.

 
  • L'agro-écologie
La définition de l'agro-écologie s'inscrit dans une vision assez large de l'agriculture,  permettant ainsi d'être plus connu en tant que mouvement et idéologie que d'une pratique agricole en soit. Cette approche vise à positionner l'agriculteur comme un acteur au sein d'un écosystème varié et très complexe. L'agro-écologie a donc pour but de promouvoir un ensemble de pratiques qui assurent ce qu'on appelle les services écosystémiques. C'est un moyen de prendre en compte le rôle de chaque élément de l'écosystème et ainsi, de répondre aux besoins de la terre dans sa globalité. Ce n'est qu'à travers l'agro-écologie que certains acteurs assurent un avenir durable pour l'agriculture.