LE SOL EXALTÉ

LE SOL, ÉLÉMENT DE NATURE

LE SOL ÉTUDIÉ, CLASSIFIÉ

LE SOL RATIONALISÉ

LE SOL PROBLEMATISÉ

AgroParisTech / Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement

 

AgroSupDijon / Institut national supérieur des sciences agronomiques de l’alimentation et de l’environnement

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Une cartographie des acteurs

APAD / Association pour la Promotion d’une Agriculture Durable

Baptiste Billot / Vigneron

Emmanuel Bourguignon / Docteur en microbiologie des sols

Philippe Cesbron / Vigneron

BASE / Bretagne, Agriculture, Sol, et Environnement

Claire Chenu / Enseignant-chercheur à AgroParisTech

Claude Compagnone / Sociologue à AgroSupDijon

Marc Dufumier / Professeur émérite à AgroParisTech

Frédéric Goulet / Sociologue

Philippe Guichard / Agriculteur bio

IAD / Institution de l'Agriculture Durable

INRA / Institut national de recherche agronomique

ITAB / Institut technique de l'agriculture biologique

LAMS / Laboratoire Analyses Microbiologiques Sol

Unité Mixte de Recherche Innovation et Développement dans l’Agriculture et l’Agroalimentaire de Montpellier SupAgro / Recherche sur les processus d'innovation en agriculture

Daniel Nahon / Professeur de géosciences à l’université d’Aix-Marseille et fondateur du CEREGE

 

Céline Pelosi / Ecotoxicolologue à l’INRA Versailles-Grignon

 

Lionel Ranjard / Directeur de recherche à l'INRA Dijon

Université de Rennes 1 / Recherche en écologie

Konrad Schreiber / Chef de projet à l’Institut de l’Agriculture Durable (IAD)

 

Sarah Singla / Agricultrice en semis direct

Sulky / Entreprise de machines agricoles

Stéphane de Tourdonnet / Enseignant-chercheur à Montpellier SupAgro

Jérôme Vaujour / Professeur d'agronomie

Daniel Wipf / Professeur à l'université de Bourgogne

Daniel Cluzeau / Enseignant-chercheur à l'Université de Rennes 1 et responsable de l'unité EcobioSoil

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AgroParisTech est une école qui forme essentiellement des ingénieurs et des chercheurs  dans le domaine du vivant et de l'environnement. Elle produit et diffuse des connaissances sur l'environnement et l'agriculture.

 

Parmi d’innombrables initiatives, l’UFR Agriculture comparée et développement agricole s'intéresse aux transformations des systèmes agricoles. AgroParisTech, au même titre que l’INRA a été très critiquée par les entrepreneurs de mobilisation engagés dans les modèles agricoles alternatifs. Cette critique a été prise en compte par cette école et les préoccupations des agriculteurs concernant le sol y sont de mieux en mieux comprises. En témoignent des Unités Mixtes de Recherche comme l’UMR Bioemco Equipe « Matières organiques des sols, dynamique et fonctions » qui s'intéresse au fonctionnement du sol et de ses matières organiques comme le stockage de carbone.

 

Liens avec d'autres acteurs : Marc Dufumier professeur émérite y est responsable de l’UFR Agriculture comparée et développement agricole, et Claire Chenu, enseignante et chercheuse dirige l’UMR Bioemco Equipe.

AgroSup Dijon est un établissement public de formation d'ingénieurs agronomes et mène ses propres recherches qu'il transfère et valorise. En collaboration avec l’INRA au sein de nombreuses Unités mixtes de recherche (UMR Agroécologie, UMR CESAER...) Agrosup contribue à la production de connaissances sur les sols et sur les effets des différentes pratiques sur les sols. Avec une importance certaine accordée à la sociologie du changement et des organisations, cette école produit aussi de nombreuses connaissances sur la manière dont se développent les identités des agriculteurs pratiquant différents modes de productions agricoles.


Lien avec d’autres acteurs : Claude Compagnone est chercheur et dirige une unité de recherche à AgroSup.

Fondée en 2001, l’APAD est une association nationale qui rassemble des agriculteurs et des techniciens agricoles dans un but de développement d’une agriculture viable pour l’environnement et pour l’agriculteur.

 

Sous l’appellation Agriculture Durable, ce sont surtout les techniques d’agriculture de conservation qui sont promues. L’APAD propose une vision du sol très technique et pragmatique. L’argument environnemental est moins omniprésent que dans le réseau BASE par exemple. A l’APAD, on affirme que les “résultats comptent d’avantage que les moyens”, que “les facteurs de production agricoles ne sont pas intrinséquement bons ou mauvais”. On est donc dans une vision très fonctionnelle, où le semis direct sous couvert végétal est promu aussi bien pour son efficacité que pour sa réponse à des problèmes environnementaux.

 

Lien avec d’autres acteurs : Konrad Schreiber est membre de l’APAD.

Baptiste Billot est vigneron sur la commune de Rablay-sur-Layon, dans le Maine-et-Loire. Il dirige une exploitation de 12 hectares et produit différents vins d’Anjou. Il fait de l’agriculture raisonnée, c’est à dire qu’il modère son utilisation d’intrants de synthèse. Il adapte la consommation de ces produits aux problèmes qu’il rencontre et ne fait pas d’application systématique. Dans cette optique, il porte aussi une importance accrue au sol en limitant le désherbage, qui est souvent systématique dans la culture de la vigne. Il déclare faire plus attention à la vie dans ses sols en ne le travaillant qu’en surface.

 

Cette attention accrue au sol ne lui apporte pas de rémunération ni même de valorisation évidente de ses produits auprès des clients. Il dit faire ces efforts par conviction, pour assurer des produits de bonne qualité et un sol en bonne santé. Il ne songe toutefois pas passer en bio car la conversion représente des contraintes et des risques trop importants pour l’agriculteur indépendant qu’il est.

 

Lien avec d’autres acteurs : Baptiste Billot côtoie Philippe Cesbron sur la commune de Rablay-sur-Layon.

BASE est une association créée en Bretagne en 1999. Elle comptait six adhérents à sa création et plus de 750 en 2011. D’une association régionale, elle est devenue plus large en rassemblant des agriculteurs de l’Ouest de la France et d’Alsace.

 

Elle regroupe des agriculteurs engagés dans l’agriculture de conservation et a joué un rôle très important dans le développement de ce modèle agricole en diffusant les savoirs-faire et organisant la mobilisation d’agriculteurs isolés. Cette association et ses membres se trouvent au centre des dynamiques de diffusion de la connaissance en réseaux d’agriculteurs et sont des acteurs qui se revendiquent de la prise en compte d’un sol vivant et travaillé au minimum. Ce type de regroupement de paysans joue un rôle non négligeable dans la construction des identités nouvelles des agriculteurs car il leur permet de gagner une vraie reconnaissance par les pairs qu’ils n’ont pas forcément à une échelle plus réduite.

 

Liens avec d’autres acteurs : Sarah Singla est membre de BASE, Konrad Schreiber en a fait partie.

 

Emmanuel Bourguignon est le fils de Claude et Lydia Bourguignon, les deux fameux entrepreneurs de mobilisation qui ont très tôt oeuvré pour une meilleure connaissance de la faune des sols et contre le labour à travers leur laboratoire indépendant, le LAMS.

 

Comme ses parents, Emmanuel Bourguignon est très engagé dans le développement de l’agriculture de conservation. Il a au sein du laboratoire des activités d’analyse du sol et de conseil aux agriculteurs. Son discours est en revanche plus modéré que n’a pu l’être celui de ses parents au plus fort de leur lutte. Il est conscient des petits changements qui ont lieu et de la lente reconsidération du travail de ses parents par le monde de la recherche. Mais il continue à dénoncer une prise en compte insuffisante du sol et le besoin d’un effort pour apprendre à mieux le connaître et l’intégrer à l’agriculture.

 

Lien avec d’autres acteurs : Emmanuel Bourguignon est membre du LAMS.

Philippe Cesbron est vigneron à Rablay-sur-Layon, dans le Maine-et-Loire. Il est en groupement agricole d’exploitation avec son beau-frère sur le domaine Pierre Chauvin. Ils cultivent plus de 14 hectares de vigne en Agriculture Biologique. Ils ont commencé par se tourner vers l’agriculture de conservation avec le label Terra Vitis pour un passage en bio en 2005.

 

Philippe Cesbron accorde une grande importance au sol dans la culture de ses vignes. Pour lui, un bon raisin est l’expression d’un terroir, d’où l’importance de ne pas abîmer le sol, de valoriser au maximum ses caractéristiques. Dans l’optique de favoriser une vie des sols, il ne le travaille que partiellement. Pour lui, le vin idéal serait celui issu d’un sol que l’on travaillerait au minimum car il serait alors l’expression sans artifice d’un terroir. Il essaie de se rapprocher de ce but mais affirme que c’est plus un idéal car dans ce cas les rendements réduits feraient il y aurait “assez de raisin pour manger mais pas pour boire”.

 

Lien avec d’autres acteurs : Philippe Cesbron côtoie Baptiste Billot sur la commune de Rablay-sur-Layon.

Claire Chenu est spécialisée en sciences des sols. Avant d’enseigner cette discipline à AgroParisTech, elle a occupé un poste de chercheuse en sciences des sols à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) pendant 20 ans. Elle poursuit ses activités de recherche au sein du Groupement d’Intérêt Scientifique Sol (GIS Sol) qu’elle préside. Unique programme entièrement dédié au sol en France, il a pour mission de cartographier les sols.

 

Elle décrit les relations entre chercheurs et agriculteurs comme occasionnelles, la recherche fondamentale n’ayant pas pour vocation de répondre à des problèmes rencontrés dans les champs ou de proposer des solutions aux exploitants. Si la recherche ne s’intéresse pas directement à l’agriculture, l’agriculture a besoin de la recherche au plan technique, économique, sociologique, juridique, organisationnel.

 

Lien avec d’autres acteurs : Claire Chenu travaille à AgroParisTech.

Claude Compagnone est un sociologue des organisations et de l’innovation. Il est maître de conférence et directeur du Laboratoire de Recherches sur les innovations socio-techniques et organisationnelles en agriculture. Ses recherches l’ont poussé à s’intéresser de très près à la manière dont les pratiques évoluent en agriculture et la manière dont ces changements interviennent dans les interactions entre les agriculteurs et avec les systèmes d’encadrement scientifique et technique.

 

Cette approche l’a fortement poussé à s’intéresser de très près au sol et à la manière dont celui-ci avait pu devenir un objet qui allait changer les pratiques des agriculteurs, se trouver au centre de réseaux nouveaux et modifier la relation entre agriculture et “monde officiel”. Il s’est notamment penché sur la comparaison des discours et des pratiques du sol entre agriculture de conservation, agriculture biologique et agriculture conventionnelle. Il en a tiré un bilan riche pour qui s’intéresse à cette controverse, modérant les distinctions entre discours et techniques de chacun.

 

Lien avec d’autres acteurs : Il travaille à AgroSup Dijon.

Daniel Cluzeau a mis en place un indicateur simplifié de la biodiversité du sol agricole- le système de comptage des lombriciens- vers de terre, qui peut être pratiqué par l'agriculteur lui même. Ce dernier bénéficie alors d'une connaissance applicable. Il s'agit d'un outil de gestion des agrosystème.

 

Lien avec d’autres acteurs : Daniel Cluzeau collabore avec Lionel Ranjard sur ce dispositif au sein du projet CASDAR financé par le ministère de l’Agriculture.

Marc Dufumier est professeur à AgroParisTech, il est un spécialiste en matière d’agriculture comparée et développement agricole. Il observe la manière dont se développent les agricultures nouvelles et réfléchit sur la condition d’agriculteur.

 

Il a une vision du sol tout à fait raisonnée. Pour lui, le sol est un élément essentiel dans la mise en place d’une agriculture durable. Il dénonce les mauvaises pratiques qui ont pu en être faites dans l’agriculture conventionnelle. Mais il regrette aussi que des acteurs se focalisent uniquement sur le sol. Pour lui, des pratiques comme l’agriculture de conservation sont positives et devraient être mieux valorisées, notamment d’un point de vue économique (il est très sensible à une valorisation économique des actions écologiques des agriculteurs). Mais le sol n’est pas au centre de tout selon lui et devrait être placé au centre d’une réflexion plus large sur la fertilité des écosystèmes.

 

Lien avec d’autres acteurs : Marc Dufumier enseigne à AgroParisTech.

Frédéric Goulet est sociologue au Cirad et il travaille au sein de l’Unité Mixte de Recherche Innovation de Montpellier SupAgro. Il est spécialisé en sociologie des innovations et particulièrement dans le champ de l’agriculture.

 

Il s’est intéressé de très près au développement de l’agriculture de conservation et aux stratégies argumentatives mises en place par ces agriculteurs d’un nouveau genre. Il a aussi travaillé sur les tensions qui ont pu naître du besoin d’évaluation environnementale de ces nouveaux modèles. Ses travaux mettent en scène un sol très présent dans les discours et les préoccupations des agriculteurs, et montrent qu’il a bien été au centre d’une lutte environnementale.

 

Lien avec les autres acteurs : Frédéric Goulet est le collègue de Stéphane de Tourdonnet au sein de l’UMR Innovation.

Philippe Guichard possède une exploitation de 55 ha en céréales et semences dans le Lot-et-Garonne. Fils de paysan, il a exercé comme chef de culture sur une ferme de 1000 ha en Seine et Marne pendant 8 ans. Confronté à l’agriculture conventionnelle et son utilisation de pesticides il développe des problèmes de santé. C’est l’occasion pour lui de reprendre ses études. Après un cursus d’agronomie à Toulouse il se convertit à l’agriculture biologique qu’il défend maintenant activement au sein de la Confédération Paysanne et de l’Institut Technique d’Agriculture Biologique (ITAB).

 

Acteur engagé, il met en avant son expérience personnelle de l’agriculture conventionnelle pour mieux la critiquer. Il a à coeur de transmettre sa vision du sol comme milieu naturel de macro et micro-organismes qu’il convient de respecter en éliminant tout intrant de synthèse. Pour lui il s’agit de retrouver et retransmettre les connaissances et savoirs paysans soustraits par la révolution verte. Cela passe par des interventions dans toute la France et l’accueil d’agriculteurs sur son exploitation.

 

Lien avec d’autres acteurs : Philippe Guichard préside la commission technique d'agronomie de l’ITAB.

L’institut pour l’agriculture Durable a été fondé en 2007. Il s’agit d’un institut qui a pour but de promouvoir des techniques d’agriculture alternatives tout en répondant aux impératifs économiques de production des agriculteurs. Il est composé d’une centaine d’agriculteurs, d’associations comme BASE mais compte aussi dans ses rangs un certain nombre d’entreprises de semences et de machines agricoles (Monsanto, Syngenta...)

 

Sous l'appellation “Agriculture Durable”, c’est principalement l’Agriculture de Conservation qui est développée par cette organisation. Le sol revendiqué et valorisé par l’IAD est un sol vivant et fragile, d’où la nécessité de réduire au maximum le travail du sol et de le protéger à l’aide d’une couverture végétale. La position de l’IAD est intéressante car elle associe un discours environnemental à des acteurs souvent décriés dans ce domaine comme l’entreprise Monsanto. Ce “paradoxe” permet de mettre en lumière les contradictions de l’Agriculture de Conservation.


Lien avec d’autres acteurs : BASE est membre de l’IAD et Konrad Schreiber y travaille comme chef de projet.

L’INRA appuie l’innovation économique et sociale dans l’agriculture et l’environnement. Cet institut dispose de différents centres en France. Il est plutôt porté sur une recherche appliquée en opposition au CNRS par exemple).

 

Bien qu’elle ait toujours été présente, la recherche sur les sols à l’INRA vit depuis peu un grand développement avec la création notamment d’unités multidisciplinaires. Un exemple en est l’unité de recherche PESSAC (Physicochimie et écotoxicologie des Sols d’agrosystèmes contaminés) à l’INRA de Versailles-Grignon.

 

De nombreuses unités de l’INRA collaborent avec les autres instituts de recherches français (Agrosup Dijon, CNRS) au sein d’Unités mixtes de recherche qui essaient d’être davantage en contact direct avec les agriculteurs (UMR Agroécologie à Dijon, UMR Centre d’Economie et de Sociologie appliquée à l’Agriculture et aux Espaces Ruraux...) tout en poursuivant leur “agenda scientifique”.


Lien avec les autres acteurs : Céline Pelosi, Lionel Ranjard sont des chercheurs à l’INRA.

L'ITAB coordonne depuis sa création en 1982 des recherches et expérimentations en agriculture biologique à un niveau national. Il s'appuie sur un réseau d'agriculteurs, de chercheurs (INRA), de Chambres d'agriculture, afin de développer des techniques en agriculture biologique et créer des connaissances à l'usage des agriculteurs en bio ou en conventionnel.

 

Lien avec d'autres acteurs : L'ITAB est impliqué dans le projet CASDAR Indicateurs de l'état biologique des sols agricoles qui est l'une des initiatives innovantes qui visent à dépasser le clivage recherche-agriculteur et dirigé par Lionel Ranjard. Philippe Guichard y préside d'ailleurs la commission technique d'agronomie qui mène parmi d'autres le programme "optimisation du travail du sol en agriculture biologique".

Le LAMS a été crée par Claude et Lydia Bourguignon en 1990 et s'inscrit depuis dans une recherche alternative et indépendante des institutions. Ce laboratoire indépendant et l'engagement de ses créateurs sont à l'origine du succès médiatique qu'a pu connaitre le sujet du non-labour. Le LAMS a joué un rôle important dans la mobilisation autour de l'enjeu que le sol a pu devenir et dans la médiatisation de la controverse. Une bonne réputation et un discours apprécié des agriculteurs lui ont amené une vraie légitimité et lui procurent auprès de beaucoup un statut de référence en matière de connaissances pratiques sur le sol dans l'agriculture. Cet avis favorable n'est malheureusement pas partagé par la recherche officielle contre laquelle les Bourguignon se sont dressés.

 

L'activité du LAMS reste économique car elle se concentre sur les analyses du sol dans une optique de conseil aux agriculteurs, cette double attitude, de recherche revendiquée et d'activité lucrative (mais nécessaire au soutien desdites recherches) est régulièrement critiquée.

 

Lien avec d'autres acteurs : Emmanuel Bourguignon, le fils des fondateurs y est consultant. Claude Bourguignon est membre du Conseil d'orientation scientifique de l'Observatoire français des sols vivant avec Lionel Ranjard (INRA) et Daniel Cluzeau (Université de Rennes I UMR CNRS EcoBio).

L’UMR Innovation est une collaboration de trois instituts de recherche, SupAgro, l’INRA et le CIRAD. Au sein de cette structure, des chercheurs en biotechniques et en sciences sociales collaborent pour comprendre les processus d’innovation dans les systèmes agricoles et leurs impacts en matière de développement. Cette approche interdisciplinaire se concentre sur le sol à travers l’étude de l’agriculture de conservation, sujet du projet PEPITES emmené par Stéphane de Tourdonnet et Frédéric Goulet.

 

Lien avec d’autres acteurs : Stéphane de Tourdonnet et Frédéric Goulet sont membres de l’unité.

L’UMR Innovation est une collaboration de trois instituts de recherche, SupAgro, l’INRA et le CIRAD. Au sein de cette structure, des chercheurs en biotechniques et en sciences sociales collaborent pour comprendre les processus d’innovation dans les systèmes agricoles et leurs impacts en matière de développement. Cette approche interdisciplinaire se concentre sur le sol à travers l’étude de l’agriculture de conservation, sujet du projet PEPITES emmené par Stéphane de Tourdonnet et Frédéric Goulet.

 

Lien avec d’autres acteurs : Stéphane de Tourdonnet et Frédéric Goulet sont membres de l’unité.

Céline Pelosi est chercheuse au sein de l’unité de recherche PESSAC (Physicochimie et Ecotoxicologie des Sols d’Agrosystèmes Contaminés) à l’INRA de Versailles-Grignon. Elle s’est spécialisée sur la question de l’influence des intrants de synthèse sur la vie biologique des sols, notamment sur les populations de vers de terre.

 

Elle dit être venue à ce domaine par conviction, frappée de constater lors de différents stages à quel point le type de questions qu’elle étudie était ignoré à l’exception de quelques chercheurs en particulier. Pour elle, l’évaluation de l’influence du traitement que l’on fait du sol est essentielle car elle permet de prendre ensuite les bonnes décisions en agriculture. Elle a ainsi l’intuition que contrairement à ce que l’on dit, les populations de vers de terre sont sensibles aux produits que l’on applique au sol. Elle revendique donc une volonté d’orienter l’agriculture mais affirme qu’elle ne peut que difficilement être en contact direct avec les agriculteurs, trop occupée par ses recherches et ses publications.


Lien avec d’autres acteurs : Céline Pelosi travaille à l’INRA.

Après une thèse en écologie-microbiologie des sols au CNRS, Lionel Ranjard rejoint l’INRA pour une recherche à finalité plus sociétale. Ecologue, il est spécialiste de l’agro-écologie, le transfert des concepts d’écologie à l’agriculture. Cette science est récente. L’écologie n’était pratiquée que dans les milieux naturels. En tant que directeur scientifique de la plateforme Génosol il travaille à la standardisation d’outils pour une meilleure caractérisation biologique des sols et donc une meilleure évaluation de l’impact environnemental des pratiques agricoles. Les techniques d’extraction d’ADN de la biomasse du sol est un exemple d’outils. Un conservatoire des sols, véritable cartographie de la France a été constitué. Fort de 8000 échantillons, il est ouvert à tout chercheur.

 

Lionel Ranjard coordonne un projet CASDAR financé par le ministère de l’Agriculture.Il travaille directement avec des réseaux d'exploitants agricoles à qui il transmet des connaissances théoriques sur la biologie du sol de manière vulgarisée. Ces agriculteurs sont formés à utiliser des bio-indicateurs pour évaluer l’impact environnemental sur le sol de leurs pratiques agricoles. Au sein de l’équipe on trouve Daniel Cluzeau, spécialiste des lombrics.


Lien avec d’autres acteurs : Tout comme Céline Pelosi, Lionel Ranjard travaille à l’INRA. Dans le cadre du projet CASDAR il collabore avec Daniel Cluzeau.

L'une des nombreuses initiatives de l'Université de Rennes en collaboration avec le Muséum National d'Histoire Naturelle et l'Observatoire des Sciences de l'Univers (OSUR CNRS) est EcobioSoil. Il regroupe des programmes qui étudient la biodiversité des sols, notamment : "l'Observatoire participatif des vers de terre" -- une structure qui devrait permettre l'application d'une méthode simplifiée d'observation des lombrics. Cette démarche innovante permet la participation volontaire d'autres acteurs à la recherche académique sur la biodiversité des sols, et tisse des rapprochements entre agriculteurs et scientifiques. Un autre programme mis en place est celui sur les bio-indicateurs de la qualité du sol en collaboration avec Ademe, GenoSol, l'INRA et d'autres- sur lequel Lionel Ranjard et Daniel Cluzeau collaborent.


Lien avec d'autres acteurs : Daniel Cluzeau y poursuit des activités de recherche.

Eleveur laitier en Bretagne jusqu’en 2009, Konrad Schreiber reprend ses études et passe un diplôme d’ingénieur à Dijon. Son mémoire porte sur la couverture permanente des sols pour résoudre un problème environnemental. Déjà il considère le sol comme un enjeu environnemental et le couvert végétal comme une solution. Convaincu du rôle des agriculteurs dans la lutte environnementale à travers l’expérimentation de nouvelles pratiques, il s’engage dans l’association Bretagne Agriculture Sol et Environnement (BASE) qu’il quitte pour des raisons politiques. Il est aujourd’hui membre de l’Association pour la Promotion d’une Agriculture Durable et chef de projet à l’Institut de l’Agriculture Durable où il travaille à la mise au point de bio-indicateurs qui permettent aux exploitants d’évaluer eux-mêmes la santé de leur sol.

 

L’aléa politique et règlementaire empêche l’agriculture française d’être pragmatique pour Konrad Schreiber qui voit dans les partenariats entre agriculteurs et firmes agro-industrielles comme Monsanto et Syngenta l’opportunité de faire avancer l’agriculture durable.  

 

Lien avec d’autres acteurs : Konrad Schreiber est membre de l’APAD et travaille à l’IAD. Il a quitté BASE.

Sarah Singla possède une exploitation dans l’Aveyron. Les terres y sont travaillées en semis-direct depuis 1980. A titre personnel elle intervient auprès des agriculteurs demandeurs pour leur expliquer cette technique. Il est logique que les exploitants se transmettent leurs connaissances dans la mesure où ils ont inventé ces pratiques culturales alternatives et possèdent le même vocabulaire. Le métier d’agriculteur est un métier à revaloriser. Elle-même ingénieure agronome, Sarah Singla a rencontré l’incompréhension quant elle a décidé de reprendre l’exploitation de son grand-père. Aujourd’hui ce sont les chercheurs qui vont chez les agriculteurs et non l’inverse.

 

Sarah Singla se démarque de BASE qui pratique plutôt les TCS. Dans sa pratique du semis-direct sur couverture végétale elle a recours a du Round-up, l’herbicide commercialisé par Monsanto. Elle insiste sur le fait qu’il faut éviter de tomber dans l’extrémisme et privilégier les rendements et la préservation des sols tout à la fois. Alors que l’agriculture biologique a une obligation de moyens (cahier des charges strict sur l’élimination des intrants de synthèse), l’agriculture de conservation a une obligation de résultat.

 

Lien avec d’autres acteurs : Sarah Singla est membre de BASE.

Sulky est une entreprise familiale fondée en 1936 et implantée en Bretagne. Elle est spécialisée dans la vente d’engins agricoles et de fertilisation. Elle propose depuis plus de 30 ans des machines adaptées à un travail réduit du sol ou à un passage en agriculture de conservation.

 

Jacques Burel est le fils du fondateur et dirige encore aujourd’hui l’entreprise. Son approche des modèles agricoles alternatifs est très intéressante en ce qu’elle est particulièrement pragmatique. Pour lui, nul besoin d’une argumentation environnementale, si l’agriculture de conservation a connu un succès et un développement certains, c’est parce que les résultats ont été satisfaisants. Les bons rendements et la solidité de ces systèmes sont aussi la cause de la reconsidération de ces techniques par la recherche et l’encadrement agricole technique.


Sulky a toujours développé ses produits en étant à l’écoute des agriculteurs  pour répondre au mieux à leurs exigences et leurs attentes. Sa présence sur le terrain, la mise en place de formations et la circulation de représentants ont contribué au développement de l’agriculture de conservation.

Stéphane de Tourdonnet est agronome spécialisé en productions végétales. A ce titre, au sein du projet Processus Ecologiques et Processus d'Innovation Technique Et Sociale (PEPITES), il mène des activités de recherche sur les nouvelles formes d’agriculture émergentes, notamment l’agriculture de conservation. A l’interface entre agronomie, sociologie et écologie, il s’intéresse à la fois aux trajectoires des agriculteurs qui se tournent vers les TSL (diffusion des connaissances, apprentissage de nouvelles pratiques), et aux processus écologiques mobilisés.

 

Il insiste sur le fait que l’agriculture de conservation est une innovation portée par les agriculteurs eux-mêmes, qui organisés en réseaux communiquent via les nouvelles techniques d’information et communication tel internet. Pour comprendre au mieux ce phénomène d’innovation par les usagers, Stéphane de Tourdonnet et ses collègues de PEPITES ont noué des partenariats avec des associations d’agriculteurs (BASE), et des coopératives (Vivecia).

 

Lien avec d’autres acteurs : Stéphane de Tourdonnet travaille avec Frédéric Goulet à l’UMR Innovation de Montpellier AgroSup.

Jérôme Vaujour est professeur de “Sciences et Techniques Agronomiques” au lycée agricole d’Yssingeaux en Haute-Loire. Il enseigne à des lycéens en bac STAV (Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant).


Il est un acteur sensibilisé à l’importance qu’on a donné au sol dans les dernières années. Il dit voir dans une connaissance accrue du sol et dans la valorisation des symbioses qui peuvent y être faites l’avenir de l’agriculture. En revanche il dit que le sol tient encore une place réduite dans l’enseignement qu’il prodigue. Il s’agit de l’élément que les élèves ont le plus de mal à appréhender et qui souffre de la plus grande complexité. Des changements devraient avoir lieu et une place plus grande accordée au sol et à ses dynamiques dans l’enseignement mais ce sont des processus qui s’étalent selon lui sur de longues années.

Daniel Wipf est professeur à l’université de Bourgogne où il couple ses activités d’enseignement à de la recherche fondamentale au sein de l’Unité Mixte de Recherche Agroécologie. Il est à la tête d’une équipe appelée "Mycorhize, mécanismes et gestions".


Il est en effet un spécialiste des processus mycorhiziens, ces symbioses qui ont lieu dans le sol entre les racines des plantes et des champignons microscopiques et qui permettent à ces deux parties de mieux pousser de concert. Ces symbioses sont étudiées depuis plus de trente ans et il en est l’un des spécialistes en France. Il se concentre pour le moment sur des activités de recherche fondamentale mais ces dynamiques sont prometteuses car elles peuvent être appliquées à l’agriculture sous la forme d’inoculum, des solutions contenant les champignons adaptés à telle ou telle culture. On imagine aisément l’efficacité de telles pratiques et la facilité avec laquelle celles-ci pourraient être intégrées à un discours environnemental, amenant à la construction d’un sol encore plus riche !

Le sol est au centre des préoccupations, il est l’élément par lequel on peut réinventer l’agriculture.

 

Le sol est un élément important à placer dans l’effort d’une agriculture à l’écoute des écosystèmes.

Ces acteurs sont engagés dans le développement de la connaissance des sols, dans un cadre scientifique classique.

Le sol est important mais il est un élément à intégrer à un système économique et de production plus large.

Le sol est l’enjeu d’une lutte dans la recherche d’une bonne légitimité environnementale.

Quelle vision du sol privilégient nos différents acteurs ?