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des assemblees d'acteurs a geometrie variable

Nuisible

garant de la biodiversitE

politique

Il n’est pas question d’acceptation sociale. Les ours et les loups sont des nuisibles. On est dans un rapport de force : si on protège ces animaux, on condamne les exploitants agricoles à la mort. Le monde rural est déjà sinistré. Envisager par exemple des “aides à la reconversion” montre que le gouvernement accepte l’idée que le monde agro-pastoral disparaisse.  La seule bonne mesure est la sortie de la convention de Berne, qui permettrait de chasser ces prédateurs, comme le faisaient à juste titre les générations précédentes. Il ne sera jamais possible d’accepter la présence du loup et de l’ours sur nos territoires, c’est une question de survie.”

 

“Les moyens de protection sont triples (clotures électrifiées, chiens patous, parc de contention) et peuvent être additionnées à la présence d’aides bergers (notamment les écobénévoles qui agissent dans le cadre du programme pastoraloup). Avec l’ensemble de ces mesures les risques d’attaques sont très très fortement diminués. L’Etat intervient pour beaucoup dans la prise en charge de ces moyens de protection, ce qui facilite aussi financièrement les bergers dans la mise en place de moyen de défense des prédateurs. En plus de limiter les attaques liées aux loups ou aux ours, les mesures de protection contrent aussi d’autres ennemis, comme les chiens errants. Elles font leurs preuves et sont efficaces, ce qui est prouvé statistiquement par une diminution des attaques. Le pastoralisme, comme toute activité humaine, doit évoluer et se poser les bonnes questions pour continuer à exister dans un monde en perpétuel changement. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de l'environnement : trop d'espèces ont déjà été éradiquées sur notre planète.”

 

“Un patou pour 100 moutons, sachant qu’il y en a 300 000 dans tous les Pyrénées, des aides bergers qui partent à la première attaque, terrorisés parce qu’ils n’ont pas le droit de se défendre si le troupeau est attaqué... c’est ingérable. Quant aux filets électrifiés, va-t-on se mettre à clôturer toute la montagne ? Avoir recours à des parcs de contention où les maladies des bêtes se propages deux fois plus vite ?  Ces mesures sont inefficaces, elles sont des impostures. Ceux qui disent le contraire sont des bobos dans leurs appartements de Paris qui ne connaissent pas la réalité du terrain, de notre quotidien. Ne pas y avoir recours, ce n’est pas être “borné ou trop idiot pour comprendre”, c’est aussi ne pas vouloir rentrer dans un système qui apporte des solutions qui ne sont pas efficaces.”

 

Les indemnisations sont inefficaces. Elles ne prennent en compte qu'une partie du problème. On ne remplace pas une brebis avec de l’argent : d’un côté on nous impose un accord avec des réglementations qui préconisant le bien être animal, de l’autre, on accepte presque que l’ours cause des traumatismes à votre troupeau. Une attaque ce n’est pas seulement une bête de perdue, c’est tout un troupeau stressé pour l’été, qui donne moins de lait. Les indémnitées, certes cela  permet de garder la tête hors de l’eau, mais ça ne prend pas en compte les dégats colateraux, type bêtes qui avortent. Un troupeau attaqué c’est presque la moitié des bêtes qui avortent. Sans compter le traumatisme pour nous. Je connais des collègues qui sont tombés en dépressions, qui se sont suicidés. Et ça, ce n’est pas pris en compte par l’État, il n’y a pas d’aides à ce niveau, sauf peut-être la MSA, mais elle aussi est très mal entendue, peu soutenue.”

 

Il n’y aura pas d’acceptation sociale tant qu’on ne posera pas les bonnes questions, c’est à dire celles liées aux changements du monde agro-pastoral. On n’est plus dans les Trente glorieuses, n’en déplaise à certains. Et le fait qu’on n’arrive pas à gérer cette situation, que le loup et l’ours soient rejetés aussi violemment, révèle qu’on n’est pas capable de répondre aux attentes de l’agro-pastoralisme aujourd’hui dans un monde où le commerce alimentaire est mondialisé. Le loup, l’ours ou le lynx ne seront jamais acceptés tant qu’on n’aura pas réglé cette question, tant qu’on ne donnera pas les moyens aux éleveurs de travailler correctement.”

 

“Ce n'est pas un hasard si, dans le Mercantour et les Alpes du Sud, les exploitations qui ressentent le moins la présence des loups sont celles qui ont conservé ou réactivé un gardiennage et une conduite précise des brebis. Certes, les mesures de protection qu'ont bien voulu mettre en place plusieurs éleveurs de la zone à loup ne sont pas toujours la panacée mais elles peuvent réduire, voire quasiment éliminer, le problème localement. Ce n'est absolument pas le cas pour ceux qui refusent toute modification des pratiques et qui ne se caractérisent pas souvent par la conduite la plus écologiquement raisonnée de leur troupeau.”

 

Il est du devoir du gouvernement de protéger le loup et l’ours, symboles de la biodiversité et faisant partie du patrimoine naturel français. Cet engagement le conduit à assurer la conservation de l’ours brun dans les Pyrénées et à le réintroduire dans la mesure ou il est prouvé par des experts scientifiques que cela est nécessaire. De même pour le loup, qui est revenu naturellement sur le territoire français (n’en déplaise à certains acteurs), il faut maintenant le protéger et s’assurer que la population se développe dans de bonnes conditions.”

Techniquement, les indemnisations sont trop longues à tomber mais correspondent bien aux besoins. Et puis on laisse toujours le bénéfice du doute : si on n’arrive pas à établir la cause de la mort, on indemnise. Mais aucun éleveur n'a envie d'être indemnisé, aucun éleveur ne vit et n'élève des moutons pour les laisser se faire dévorer par les loups et toucher 100€. Ce n'est pas un objectif, ni pour l'état à qui à ça coûte 2M d'euros par an, ni pour les éleveurs. Mais l’indemnisation est nécessaire pour favoriser l’acceptation sociale du loup et de l’ours.”

 

Ceux qui n’acceptent pas la présence des grands prédateurs s’opposent à la notion même de biodiversité, qui est d’intérêt général. Les loups et les ours font partie du patrimoine écologique de la France. L’acceptation sociale ne doit pas être la priorité quand il s’agit de prendre des décisions : la conservation des espèces passe avant tout. Ceux qui n’acceptent pas sont des marginaux, qui agissent au nom d’intérêts privés. Et ceux qui les chassent des délinquants qui doivent être punis.”

 

“L’acceptation sociale est le but ultime de toutes les mesures de protection, d’indemnisations et d’informations mises en place par le gouvernement, ce ce qui guide la prise de décisions. Le corps social et surtout les éleveurs ont déjà partiellement accepté la présence des grands prédateurs. Il faut prendre en compte leur souffrance tout en continuant à protéger le loup et l’ours au nom de la biodiversité et des obligations légales. Cela passe aussi par la constitution de groupes et de forums dans lesquels on tente de prendre des décisions les plus consensuelles possibles.”

 

"Il faudrait que les indemnisations, en tous cas dans les zones où le loup est présent depuis longtemps, soient attribuées aux éleveurs qui ont mis en place des moyens de protections, et qu’un éleveur qui ne met aucun moyen de protection en place dans une zone ou le loup est présent prend un risque qu’il doit assumer. Donc oui, les indemnisations sont nécessaires (et elles sont suffisantes), mais il faut que les éleveurs prennent leurs responsabilités et mettent en place toutes les mesures qui leurs sont offertes pour se prémunir des attaques lorsqu’il est avéré qu’un loup ou qu’un ours est présent dans la région. C’est la condition à une cohabitation saine”

 

“Les éleveurs ont déjà accepté la présence du loup, la preuve ils ont mis en place des mesures de protection des troupeaux. Elles sont très développées et elles coûtent très cher, 10 millions d'euros l'année dernière. Elles sont un moyen de favoriser la cohabitation tout en limitant les attaques. Même si elles sont efficaces, il y a toujours des débordements, c’est pour quoi il faut autoriser des prélèvements de loups et des effarouchements. Le gouvernement travaille à l’amélioration de ces deux dispositifs.”

 

L’ours et le loup sont des moyens de pressions, révélateurs d’un mal-être plus profond. Ces animaux sont à la fois des porte-drapeaux, des arguments, des logos, des cries d’alarme. Alors non, les indemnisations sont ne sont pas suffisantes, mais la question n’est pas là. Il est intéressant de voir que c'est la politique d'indemnisations des dégâts de loup qui poussent les représentants de l'élevage à dire publiquement qu'ils veulent vivre de leur travail et pas de subventions publiques. Cette prise de position n'a pas été décelée dans le cadre des subventions classiques (primes à l'herbe, prime compensatrice ovine, etc.). Elle montre bien que ce n’est pas tant les dégâts de loup ou d’ours qui sont importants, mais bien qu’ils servent de porte-étendard (de part leur médiatisation) à une cause plus profonde: qu’attendons-nous du monde agro-pastoral aujourd’hui ?”

La sauvegarde et la préservation de l’identité pyrénéenne et de sa biodiversité passent impérativement par le maintient d’une population d’ours dans les Pyrénées et la protection des loups dans les Alpes. Trop d’espèces sont actuellement menacée, et la protection de ces prédateurs est absolument nécessaire au maintient d’une biodiversité environnementale. Il faut donc une prise en compte des intérêts particuliers du pastoralisme et des intérêts généraux et collectifs de la préservation de la biodiversité”

 

Le loup et l’ours sont nécessaire à la biodiversité, car ils sont dans un éco-système où toutes les composantes dépendent les unes des autres. Cependant, la défense de la biodiversité devrait aussi passer par une réflexion sur les méthodes d’élevage et de gestion des terres agricoles. Ces méthodes ont changé ces dernières années et ne sont plus suffisamment respectueuses de l’environnement. Les troupeaux sont de plus en plus grands, les zones de pâtures ne sont plus assez entretenues etc.

Les grands prédateurs sont “ le cache sexe” d’un certain nombre de mauvaises pratiques du milieu agricole. La biodiversité est une question globale qu’il faut traiter avec la participation de tous les acteurs d’un milieu.”

“D’un point de vue génétique, la population pyrénéenne était considérée comme la population la plus consanguine, car en dessous de son seuil de viabilité. Réintroduire un souche slovène, ça n’apporte rien du tout à la biodiversité, quelle soit génétique, spécifique, ou écosystémique. On a un rapport à la nature qui n’est que celui d’une préservation esthétique. Réintroduire l’ours, ce n’est pas garantir le maintient de la biodiversité. Les éleveurs sont souvent caricaturés comme des gens “opposés à l’environnement, à la biodiversité”, alors que c’est tout le contraire, ils la maintienne en empêchant l’ensauvagement des montagnes.”

 

bouc-

emissaire

technicise

indemnisations

mesures  

de  protection

biodiversite

acceptabilite

sociale

Si attribuer une vision unique à un acteur, de même que de définir une liste d'acteurs représentant une catégorie, s'avérerait réducteur, il est cependant possible de placer les acteurs par rapport aux visions qu'ils semblent partager ou au contraire, rejeter. 

La proximité spatiale des acteurs correspond à la proximité idéologique qu’ils entretiennent. A l’inverse, plus un acteur est éloigné d’un autre, moins ils partagent une vision commune de la controverse. 

 

Ces schémas permettent à la fois d’observer la perception qu’ont certains acteurs de leur position dans la controverse, mais aussi la position que leur attribuent d’autres acteurs. Ainsi, un acteur peut tout à fait s'estimer neutre, mais être perçu comme ayant un parti pris fort dans la controverse.

 

Double-cliquez sur l'un des 7 acteurs recensés pour voir comment il se positionne dans la controverse! Les bulles de couleur correspondent chacune à une des visions détaillées ci-dessus. La pastille en haut à droite vous permettra de revenir à l'agencement initial pour découvrir comment se situe un autre acteur.

Double-cliquez sur l'un des 7 acteurs recensés pour voir comment il se positionne dans la controverse! Les bulles de couleur correspondent chacune à une des visions détaillées ci-dessus.

Loin d’une vision binaire opposant les anti et les pro ours/loups, on peut distinguer plusieurs groupes d’intérêts prendre position dans le débat multiforme sur les espèces protégées.

 

Chacune de ces catégories défend une certaine vision de l’ours et/ou du loup. Les acteurs peuvent partager, défendre, ou s’opposer à une ou plusieurs de ces visions. Il n’en reste pas moins qu’elles défendent chacune une position qui a émergé dans la controverse. Ces visions, portées par les acteurs, interagissent entre elles et s’expriment les unes sur les autres : c’est ce qui permet leur catégorisation. Des catégories dont la stabilité n’est que partielle tant elles apparaissent comme perméables.

 

Nous avons défini quatre thèmes (indemnisations, mesures de protection, acceptabilité sociale et biodiversité) sur lesquelles la ces groupes d'intérêts émettent des conceptions divergentes. Cliquez sur un thème pour les découvrir! 

 

 

(Pour en développer un autre, n'oubliez pas de réduire le précédent, ou ça pourrait devenir un brin trop complexe)

 

UN ANIMAL...

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  ...  

David Chetrit : 

 

 

 

Diplômé d’un troisième cycle en biologie et ingénieur écologue de formation. Fils d’une bergère, frère d’un berger ossalois,  il a baigné dès son enfance dans le monde du pastoralisme. Aujourd’hui médiateur professionnel, cette triple casquette a fait de lui un observateur privilégié de la controverse liée à la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées. Sa volonté de “clarifier le débat” et ses recherches sur le sujet lui ont permis d’écrire en 2012, La réintrodruction de l’ours, histoire d’une manipulation.

 

 

Citations issues d'un entretien :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"l'installation de la controverse a été l'outil qui a permis justement à certains acteurs d'aller jusqu'au bout de leur rêve, c'est-à-dire d'obtenir des réintroduction d'ours dans les Pyrénées au mépris de toutes les réalités et surtout au mépris même de réalités scientifiques fondamentales."

 

FERUS :

 

Férus signifie ce qui est sauvage en latin. C’est une association née en 2003 de la fusion d’ARTUS (association née en 1989 militant pour la sauvegarde de l’ours brun) et du Groupe Loup France (association née en 1993 avec l’apparition des premiers loups sur le territoire français).

Férus se définit comme “ la première association nationale pour la conservation de l’ours, du loup et du lynx en France”. Elle est très active sur ces dossiers, grâce notamment à un fort réseaux d’adhérents répartis en fédérations locales dans toutes la France (participation à des groupes et des colloques, publications, actions juridiques, animations dans les écoles).

 

Extrait, du site internet,  buts affirmés : 

"- articuler et coordonner toutes actions de recherche, de sensibilisation et d'éducation liées à la présence et à la réhabilitation de loup, de l'ours et du lynx

- de favoriser la réussite du retour naturel du loup là où les conditions sont favorables

- de favoriser le maintient et le renforcement des populations d'ours

- de favoriser le retour et le maintien des populations de lynx

 

La prise en compte des intérêts particuliers du pastoralisme et des intérêts généraux et collectifs de la préservation de la biodiversité sont le fondement de l'action de FERUS."

 

 

 

Citations issues d'un entretien avec Olivier Guder, animateur FERUS.

« Je pense que si vous connaissez ADET Pays de l’ours, vous connaissez François Arcangeli, le maire d’Arbas; sa mairie a été saccagée complétement par quelques virulents opposés à l’ours. Qui sont des gens qui sont carrément des délinquants ? Je pense qu’il ne faut pas avoir peur des  mots, certains ont été condamnés de toute manière; ils sont prêts à des actions violentes rien que parce que quelqu’un s’est dit en faveur de la réintroduction de l’ours, donc on est quand même dans des mondes ou il ne faut pas aller jusqu’à des extrêmes qui sont  des extrêmes de violence, et qui sont utilisés par certaines  personnes anti ours de façon totalement disproportionnées. »

 

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Eleveurs et montage :

 

 

L'association Eleveurs et Montagnes, créée regroupe plus de 350 éleveurs bovins, caprins, ovins et équins des Alpes de Haute-Provence, Alpes maritimes ainsi que du Var et des Bouches-du-Rhône. L'association Éleveurs et Montagnes a pour but de sauvegarder et défendre tous les modes d'élevage qui subissent les attaques et les contraintes dues aux prédateurs (loup, lynx…).

 

 

Extrait du site officiel, présentation générale : "Si vous souhaitez défendre le pastoralisme et vous êtes conscients des menaces que fait peser sur l'élevage en montagne la présence de loups en grand nombre, si vous voulez que les alpages conservent l'aspect qu'ils ont depuis des siècles, alors soutenez l'association Eleveurs et Montagnes qui se bat pour tout cela à la fois."

 

 

Marion Martin-Lurcel pour l’agence Oyopi  chargée de la communication  de l’association « Eleveurs et montagne »

« Au départ, c’était : ‘’on nous entend pas, on ne sait même pas ce qui nous arrive’’ ,  une prise de conscience de leur part que sans communication ils ne s’en sortiraient pas et ils étaient condamnés. La problématique au départ, c’est d’être ‘’entendable’’. C’est-à-dire que jusqu’à ce moment-là, la seule stratégie des éleveurs avait été de suspendre des carcasses sur les grilles des préfectures, et de crier fort, de crier tellement fort que personne ne les écoutait. Au début, les revendications des éleveurs c’était ‘’on veut se défendre, on veut exister ! ’’ ça ne concernait pas l’éradication du loup ! Ils en sont venus à des extrémités comme demander ça, même s’ils savent très bien que c’est impossible tout simplement parce que personne ne les écoute, donc forcément, il y a une radicalisation du discours, mais ils demandaient juste à faire leur métier, c’est tout. »