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l'Acceptabilite sociale


“ Il faut sortir de cette spirale infernale car il y a un noyau d’ours qui est là, et il faut apprendre à faire avec. Après dans un deuxième temps savoir si on veut que ce noyau là il prospère, il grossisse et il envahisse toutes les Pyrénées c’est un autre débat . Le premier débat “le coeur de notre métier c’est la dimension de l’acceptation sociale”

Christope Tavin, DREAL Midi-Pyrénées

 

 

C’est à travers cette notion “d’acceptation sociale” que Christophe Tavin, chargé de mission ours/loup/bouquetin à la DREAL définit son rôle et celui de l’organisme rattaché à l’état pour lequel il travaille. Il se qualifie de “ facilitateur de la prise en compte de la présence de l’ours sur les Pyrénées”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une

 

 

la necessite de proteger la  biodiversite : 

 

 

> Ce discours montre que pour l’Etat, la présence des grands prédateurs en France est un fait indiscutable, une réalité qu’il faut rendre “acceptable”. Les ours et les loups sont là et il n’est pas possible de remettre cela en cause. Selon Christophe Castaner, président du Groupe national loup (GNL), les éleveurs ont accepté la présence du loup, la preuve par le fait qu’ils mettent en place des mesures de protection avec l’aide de l’Etat. Le principal problème viendrait du fait que les populations touchées par la présence du loup et de l’ours sur leur territoire auraient perdues l’habitude de devoir cohabiter avec ces espèces. Comme l’explique Christophe Tavin, en 1990, quand des ours reviennent dans certaines vallées pyrénéennes à travers les réintroductions, ils le font dans un contexte qui n’est pas propice à son acceptation. L’exode rural a provoqué une raréfaction de la main d’oeuvre agricole, les troupeaux ne sont plus gardés de la même façon. On n’a plus l’habitude de cohabiter avec “ce mauvais voisin” dont l’on pensait s’être débarrassé. Dès lors, le rôle de l’état, est d’aider à faire accepter la présence de l’animal. Christophe Castaner, explique la même chose à propos du loup, des habitudes en matière d’élevage se sont développées en période d’absence du loup et sont aujourd’hui remises en cause par son retour et l’extension de son territoire.

 

  

 

> Selon Christope Tavin, il ne faut pas penser la question de l’ours comme un débat pour/contre, puisque de toute façon l’ours est présent sans que l’on puisse changer cela. Se demander “à quoi sert l’ours” et “combien il coûte”, ne sont pas les questions qui permettent de faire changer les choses.

  Il n’y aurait donc pas d’enjeux de rentabilité dans les dossiers de l’ours et du loup. Comme l’explique Christophe Castaner, il s’agirait avant tout de protéger la biodiversité “si on est attaché à la biodiversité sous quelque forme qu'elle soit, on ne peut pas accepter l'idée d'éradiquer le loup “. L’enjeu de la biodiversité est dès lors posé comme un problème d’intérêt général : ceux qui ne semblent pas y adhérer sont marginalisés, leurs propos discrédités et leurs opinions ramenées à des intérêts particuliers ou corporatistes. “ “ Ils ne font que critiquer en disant ça ne marche pas c’est dramatique, on va tous mourir. Mais quand on leur demande de faire une proposition pour que les prélèvements marchent, ils ne sont pas capable de sortir une proposition, si ce n’est il faut sortir de la convention de Berne”  (C.Castaner).


 

 

la volonte de Faire accepter cette protection : 

 

 

> Le rôle de la l’Etat à travers la DREAL ou à travers le GNL est donc de mettre en place des dispositifs permettant de faire accepter socialement la présence de l’ours et du loup, tout en respectant la législation. Cela passe par des aides financières pour aider à la protection des troupeaux, par des dédommagements en cas de dégats, par de l’information (à travers l’exposition organisée au Muséum de Toulouse par exemple, ou par la production de plaquettes documentaires).

 

> Cela passe également par la mise en place d’assemblées d’acteurs qui se veulent représentatives des forces en présence. Composée de membre de l’état, d’éleveurs et d’associations de défenses des animaux. Inclure une forme de démocratie dans une prise de décisions non consensuelles au départ, doit permettre de les légitimer. C’est ce qui a été fait avec la mise en place du groupe national loup. Dans les faits, on constate que cela ne fonctionne pas toujours. Suite à la dernière réunion du groupe national loup, l’association éleveurs et montagne a publié un communiqué de presse, indiquant que "A sa sortie, le président de l’association s’est insurgé contre la décision du gouvernement qui s’entête à poursuivre une stratégie totalement inefficace malgré les chiffres accablants de la prédation et la mise en danger d’une profession littéralement sinistrée, particulièrement dans la région PACA.” Le président du groupe national loup juge quant à lui que les mesures proposées ont été acceptées par tous (mise à part la proposition d’aide au reclassement des éleveurs qui a finalement été supprimée du plan) et que les chiffres de la prédation s’améliorent par rapport à l’année précédente.

 

 

 

 le  compromis impossible:

 

 > entre interets particulier et interet general :

 

   Cette notion d’acceptabilité sociale, n’est donc en réalité pas fondée sur la neutralité. C’est un concept que l’on retrouve souvent dans des projets impliquant la transformation d’un territoire (construction de grandes infrastructures par exemples).

 

   Le Conseil du patronat en environnement reconnaît cela dans son Guide de bonnes pratiques afin de favoriser l’acceptabilité sociale des projets que : « la dichotomie entre la croissance nécessaire [sic] et le développement contesté se manifeste de plus en plus ». Dès lors, quand un projet dont le bien fondé est indiscutable pour son promoteur, est remis en cause par une assemblée d’acteurs, il faut mettre en place des mesures éducatives ou des compensations financières pour rendre le projet acceptable par le plus grand nombre. En d’autres termes, il faut mettre en place des dispositifs qui font d’une vision particulière, dictée par des intérêts particuliers, un universel auquel tous les partis doivent adhérer. 

 

>   l'exemple  du  prelevement 

 

 

   Dans le cas évoqué plus tôt du Groupe national loup, l’une des principales mesures permettant la gestion de la population de loup, est l’autorisation de “prélèvements” (c’est à dire d’abattage) d’un certain nombre d’individus. Le gouvernement est favorable à l’augmentation du nombre d’animaux abattus car la population est en croissance. Cependant, l’an dernier, alors qu’il avait autorisé le prélèvement de vingt quatre loups, seuls sept ont été tué. L’an prochain, il en évoque trente six et cherche des solutions pour parvenir à attendre ce nombre. Les associations de défenses des animaux dénoncent ces abattages qui ne sont, selon elles, qu’un moyen de faire de “l’acceptation sociale”. “ Pour ce qui est du loup, la situation actuelle dans nos montagnes est dramatique, on pourrait d’ailleurs faire un parallèle entre l’acceptation sociale et la balistique. On a d’abord accepté le tir d’effarouchement pour l’acceptation sociale afin d’avoir la paix sociale avec les éleveurs.” Le plus souvent, quand un arrêté préfectoral autorise un abatage de loup, les associations tentent de le faire casser.

 

   Les associations d’éleveurs, réclament majoritairement la sortie de la convention de Berne et le déclassement du loup pour pouvoir le chasser sans autorisation spéciale. Selon eux, le nombre de prélèvements autorisés reste trop faible “A quoi bon puisque le nombre à prélever reste toujours inférieur à sa croissance démographique annuelle". Cependant, Christophe Castaner rappelle que si le loup n’est plus une espèce protégée, il n’y a plus de raison d'indemniser les éleveurs en cas d’attaques de loup, et que, comme pour le sanglier, ce serait aux fédérations de chasseurs de dédommager les éleveurs.

 

 

Au final, entre acceptation sociale, et nécessité de prendre des décisions c’est un peu le loup qui se mord la queue…

 

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